« Mais, il est moche ce site ! »
Ou peut-être est-ce un représentant du « brutalism design », une tendance graphique (ré)apparue courant 2017 ?
Le brutalisme est à l’origine un mouvement architectural des années 1950 à 1970, et dont l’un des représentants est Le Corbusier (voir sa Cité Radieuse à Marseille). Issu du mot « brut » (et non « brutal »), ce courant prône la simplicité et la géométrie en bannissant le superflu de ses édifices. Employé en matériau de construction principal, le béton est laissé volontairement nu et sans ornements sur de grands volumes. Le fond prend le pas sur la forme.
A l’échelle du design graphique, et plus particulièrement du webdesign, cet état d’esprit « brutaliste » se retrouve à contre-courant du « pixel perfect », lissé et soigné au pixel près. Un site avec un tel design arbore avec fierté un aspect grossier et primitif, valorise les défauts, les glitchs, avec un pixel quasi vivant. Tel un retour aux sources, il évoque souvent les codes graphiques des premiers sites web des années 1980.
En recherchant la singularité, cette tendance prend ainsi un malin plaisir à se moquer des interfaces épurées « flat design », devenues répétitives car utilisant toutes les mêmes codes consensuels.
Il ne s’agit plus d’améliorer à tout prix l’expérience utilisateur en rendant le design agréable à l’œil (en créant les conditions d’un état émotionnel positif, voir Le design émotionnel, de Don Norman), voire parfois même invisible (voir la tendance NoUI).
Telle une œuvre d’art, l’interface devient parfois même une perturbation, à l’encontre de l’intuition utilisateur ; elle se manifeste volontairement, étonne, dérange, et ne laisse jamais indifférent…
Des sites brutalistes : https://brutalistwebsites.com/